Bach, Oratorio de Noël
L’Oratorio de Noël de JS Bach, une parodie des cantates profanes ?
Thomas Baronnet vous explique tout dans ce nouvel épisode de Music investigation !
Si le texte de cet oratorio puise dans les Évangiles de Luc et de Matthieu, la musique, d’une grande puissance, révèle la savante architecture conçue par le compositeur.
Pour aller plus loin : le texte du programme de salle
Chez Bach, c’est tous les jours Noël ! Ou presque. Dans le protestantisme luthérien qu’il pratique, on ne fête pas seulement le 25 décembre, mais aussi les deux jours suivants. Et le 1er janvier – qui marque à la fois le Nouvel An et la circoncision de Jésus. Puis le dimanche qui suit, et enfin l’Épiphanie ou fête des Rois mages (6 janvier). Six jours de célébrations, et donc six cantates. Bach pourrait reprendre celles déjà écrites pour les mêmes circonstances. En 1734, il en livre de nouvelles qu’il réunit en un cycle, dont le manuscrit porte le titre : Oratorium. Leur musique, toutefois, vient presque entièrement de trois œuvres récentes en hommage aux princes de Saxe, dont il transpose la solennité à l’église.
L’Oratorio de Noël – comme on l’appelle aujourd’hui – n’est donc pas une grande action biblique à la manière des Passions, avec des personnages saillants. Ni un dialogue spirituel comme la Représentation de l’Âme et du Corps imaginée en 1600 par Emilio de’ Cavalieri, inventeur présumé du genre. Contrairement à ces œuvres, ou au Messie de Haendel, il ne se joue pas – à l’époque – en une soirée, mais se déploie sur la période des fêtes. C’est la tradition moderne du concert, dissociée du culte, qui nous vaut d’entendre à la suite les cantates pensées pour différents jours.
Dans un style dit récitatif, le ténor chante l’Évangile – on l’appelle donc « évangéliste ». Les airs, sur des textes originaux probablement dus à Bach et à son collaborateur Picander, commentent les différentes idées, de même que les chœurs, moments solennels ou dramatiques. Les chorals, simples cantiques chantés par l’assemblée, reprennent les poèmes de Luther ou d’autres auteurs spirituels.
Luca Dupont-Spirio pour Insula orchestra