Mozart, Symphonie n° 35 « Haffner »

Laurence Equilbey © Julien Benhamou
Programme

W. A. Mozart
Symphonie n° 35 « Haffner », K. 385

Distribution
Insula orchestra
Laurence Equilbey
direction

Vive la liberté ! En juillet 1782, Wolfgang Amadeus Mozart vit à Vienne depuis un an, après avoir rompu avec sa ville natale, Salzbourg, où il se sentait trop à l’étroit. Affranchi de la tutelle du prince-archevêque Colloredo et de celle de son père, il s’agit d’une année particulièrement fertile, tant sur le plan personnel – il est sur le point de se marier à Constance Weber – que professionnel : son Signspiel Die Entführung aus dem Serail a été accueilli avec enthousiasme et son carnet de commandes est plein. Aussi voit-il arriver avec quelque contrariété la lettre de son père lui transmettant une demande de Sigmund Haffner, bourgmestre de Salzbourg : écrire une musique solennelle à l’occasion de l’anoblissement de cet ami de la famille, qui lui avait déjà commandé une sérénade, six ans auparavant.

Surchargé de travail, W. A. Mozart écrit à la hâte cette nouvelle œuvre en six mouvements qu’il envoie morceau par morceau à son père. Dès le début, il la considère comme une symphonie et non comme un simple divertissement mondain. Quand son père lui retourne la partition, en février 1783, Wolfgang lui déclare dans une lettre :  « …La nouvelle symphonie pour Haffner m’a tout à fait surpris… car je n’en savais plus un mot ; elle doit certainement faire bon effet. » De fait, lors de sa création à Vienne le 23 mars 1783, elle est chaleureusement applaudie. C’est sous cette forme – quatre mouvements et une orchestration augmentée de flûtes et clarinettes – qu’elle est passée à la postérité sous le nom de Symphonie « Haffner ».

Son caractère dominant est l’impétuosité, peut-être née de la hâte avec laquelle W. A. Mozart l’a écrite. Il a même indiqué : « Le premier allegro doit être joué avec beaucoup de feu – le dernier – aussi vite que possible ». Dans le premier mouvement, très emporté, un saut de deux octaves semble précipiter l’action, construite autour d’un thème unique. Jubilatoire et stimulant, cet Allegro débouche sur un Andante élégant qui contraste par son calme. Le charme viennois se diffuse dans le Menuet, à l’écriture simple et solide. Enfin, le dernier mouvement, à la vitalité irrépressible, cache dans son thème principal l’air d’Osmin, le gardien des esclaves de L’Enlèvement au Sérail : « Ha, wie will ich triumphieren » (Ah, comme je vais triompher). Peut-être une manière de signifier la jubilation de W. A. Mozart à l’idée que les Salzbourgeois qui le méprisaient recourent désormais à lui en tant que compositeur reconnu. Quand on sait que W. A. Mozart associait volontiers Osmin à Colloredo, le détesté prince-archevêque de Salzbourg, on peut lire ce finale comme un adieu autant symbolique que musical à sa ville natale. À nous deux Vienne !

Isabelle Stibbe

De concert à La Seine Musicale
Concert capté le 24 juin 2023 à La Seine Musicale

Une production du Département des Hauts-de-Seine
en partenariat avec Insula orchestra

Production executive : W2P Production
Réalisation : Julien Faustino